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C Renard
29 mai 2017

Mélanchon l'animaliste

Le candidat de la France insoumise a su porter la cause animale, même s'il est resté frileux sur quelques points. Reste à négocier l'entrée du Parti animaliste, nouvellement créé, à l'occasion des législatives. Pour la première fois en France, la cause animale s’est invitée dans une élection présidentielle. Peut-être ne l’avez-vous pas remarqué, mais chaque candidat ou presque y est allé de sa promesse pour les animaux: l’un a promis d’«éradiquer la maltraitance envers les animaux», un autre a défendu le «respect des plus hautes exigences en matière de bien-être de l’animal», d’autres encore se sont engagés à «faire de la protection animale une cause nationale» voire une «priorité nationale»… Même le nouveau président Emmanuel Macron s’était senti obligé de mentionner le «bien-être animal» dans son programme -ce qui ne l’a pas empêché d’humilier les militants des associations de défense des animaux lors d’une allocution devant la FNSEA. Les révélations de maltraitances répétées dans les élevages et les abattoirs, la prise de conscience des effets néfastes de la viande sur l’environnement et la santé, ou encore les enseignements toujours plus nombreux de l’éthologie ont imposé les droits des animaux comme un sujet de société incontournable. En mars dernier, un sondage Ifop pour le Collectif AnimalPolitique avait d’ailleurs révélé que 39% des personnes interrogées pourraient voter en fonction des propositions des candidats pour le bien-être animal. Un candidat en particulier a retenu l’attention des militants de la protection animale: Jean-Luc Mélenchon. Régulièrement, en meeting ou dans les médias, celui-ci a glissé un mot à leur égard. Il a défendu la réduction des protéines carnées, dénoncé la cruauté de l’élevage intensif, rappelé la nécessité de respecter la sensibilité des animaux: avec ses prises de position, Mélenchon a su séduire nombre de végétariens et vegans, en offrant une vitrine et une reconnaissance publique à leur combat. Quelques jours avant le premier tour, Jean-Luc Mélenchon a même poussé l’hommage jusqu’à reconnaître aux vegans une longueur d’avance idéologique: «Etre vegan, c’est être révolutionnaire», avait-il affirmé en interview, reprenant par la même occasion le point de vue que je défends dans mon livre Antispéciste. L’association L214, qui a fait connaître au public les vidéos d’abattoir qui ont traumatisé l’opinion, a donné un coup de pouce au candidat de la France Insoumise en lui offrant la première place d’un classement très relayé sur les réseaux sociaux: les postulants à l’Elysée jugés d’après leurs propositions en faveur des animaux. Le site de L214 «Politique et Animaux» a attribué à Mélenchon une note de 15,4/20 et l’appréciation «Agit pour les animaux». L214 a placé derrière lui Benoît Hamon (14,4/20), Philippe Poutou (14,2/20) et Nicolas Dupont-Aignan (13,4/20) avec la mention «Penche pour les animaux». Ce classement plutôt scolaire a contribué à faire de Mélenchon le candidat préféré de nombreux militants négligeant le diagnostic plus nuancé du collectif AnimalPolitique, composé de 26 associations de protection animale qui se sont bien gardées de choisir un candidat. En qui me concerne, je n’ai voté ni pour Mélenchon, ni pour aucun autre parce que les propositions de la France Insoumise en la matière allaient dans le sens d’un mieux mais restaient très éloignées de la philosophie antispéciste que je défends. Le refus de Mélenchon de condamner la corrida et la présence d’animaux dans les cirques m’a définitivement convaincu de m’abstenir de lui donner ma voix. En effet, je peux comprendre qu’un candidat à une élection présidentielle hésite à promouvoir la fin des élevages et la transition vers un modèle agricole entièrement végétal, tant le chantier est audacieux. En revanche, tout opposant à la souffrance animale se doit a minima de réclamer la fin des pratiques barbares qui n’ont pas le soutien des Français et dont la disparition immédiate ne causera aucune gêne à la bonne marche du pays. La corrida, qui vit largement de subventions, et qui n’existe que par la tolérance d’une exception à la loi générale, peut être supprimée demain sans que cela entraîne des grèves générales dans le pays, ni ne provoque de crise économique majeure. Idem pour les animaux-objets prisonniers des cirques. La frilosité de la France Insoumise sur ces deux évidences m’a semblé suspecte.

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